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PortraitPelouseMonochrome

Léon Germain Pelouse, un peintre paysagiste du milieu du XIXe siècle, a été récemment éclipsé par ses contemporains de Barbizon malgré sa popularité à l'époque et l'exécution de plusieurs travaux remarquables. Ses compositions montrent un intérêt pour le paysage naturel de la France, le même intérêt que ceux des peintres de Barbizon. Un écrivain enthousiaste ("Art and the Paris Exposition", Scribner's Monthly, décembre 1878, p. 277) a écrit « Son style est impressionnant, ses images riches et audacieuses en couleurs, son exécution marquée par la plus grande ampleur et la plus grande liberté. ». Pelouse ne s’est jamais lancé dans une formation artistique formelle. Il devient un artiste inspiré par la beauté de la nature.

Né en 1838 à Pierrelaye (Val d'Oise) près de Paris et fils de menuisier, Pelouse ne semble pas destiné à devenir peintre. Plutôt que de commencer une carrière d'artiste, il commence à travailler à seize ans en tant que représentant commercial itinérant à Roubaix. Ce travail a permis à Pelouse de découvrir les différents paysages et villages de France. Il continue ce travail pendant une longue période et sert brièvement dans l'armée avant de commencer ses activités artistiques. Pendant son séjour dans l'armée, il exécute son premier tableau dans ses quartiers, après que son colonel lui eut donné la permission de le faire.

A l'âge de 27 ans, il quitte son premier métier pour poursuivre une carrière de peintre. Sa détermination à devenir artiste est si forte qu'il convainc sa famille de le laisser pratiquer la carrière de son choix. Mais au lieu d'entrer immédiatement dans un atelier de l'École des beaux-arts comme les autres artistes en quête de reconnaissance publique, Pelouse n'a jamais étudié avec un professeur et devient son propre maître, un fait remarquable. Eugène Montrosier, dans Les Artistes Modernes : Peintres de Genre (Paris: Libraire Ch. Tallandier, p. 101), pensait qu'il avait bel et bien un maître et écrivait :

Pelouse« On pourrait écrire plus sur M. Pelouse qui, sans maître, par la seule force de sa détermination, est arrivé après quelques années à prendre l’une des premières places parmi les peintres paysagistes modernes. Suggérer que M. Pelouse n’avait pas de maître n’est peut-être pas correct. Il en avait un, sincère, profond, toujours varié, toujours en mouvement : la nature ! ».

Pour Pelouse, la nature a peut-être eu l'influence la plus importante sur son travail. Il a exprimé des regrets de ne pas avoir connu, au début de sa carrière, de nombreux autres paysagistes. Il a dit : « Ce qui est malheureux pour moi au moment où je commençais, c’était que, n’ayant travaillé dans aucun atelier, je ne connaissais aucun peintre. J'ignorais même que les paysagistes pouvaient chérir certains paysages plutôt que d'autres. » (Montrosier, p. 102).
Il apprend rapidement l’existence du petit village de Cernay-la-Ville et s'y installe en 1870 pour y être chassé trois mois plus tard par l'invasion des Prussiens. L'histoire raconte que les Prussiens ont saccagé la majorité des maisons des résidents, à l'exception de celle de Pelouse, dont la maison et l'atelier étaient si merveilleux qu'ils ne pouvaient pas se résoudre à détruire ce qu'ils ont trouvé à l'intérieur. Une fois que les Prussiens se retirent, Pelouse retourne à Cernay-la-Ville et se consacre entièrement à son travail. Il y habite au N°49 de la Grand'Place avec son épouse Lucie Alexandrine Fossey et son fils adoptif Lucien Raingo Pelouse.

L'installation de Pelouse à Cernay-la-Ville témoigne de son association avec les autres grands paysagistes de l’époque qui, tout en travaillant dans d’autres régions, notamment Barbizon dans la forêt de Fontainebleau, manifestent le même intérêt pour la restitution naturelle des détails du paysage. Durant cette période, les paysages imaginaires apparaissant dans des scènes historiques ou mythologiques étaient considérés comme la forme la plus raffinée tellement appréciée par les jurés du Salon. Avec l'arrivée du chemin de fer et de la peinture en tube, ces artistes se détournent du paysage de style classique imaginé dans les ateliers pour aller peindre sur le motif et représenter les véritables paysages de la France tels qu'ils les voient et les ressentent. Bien que Pelouse n'ait jamais eu de maître lui-même, il inspire et attire à Cernay-la-Ville de nombreux étudiants qui sollicitent ses conseils.

En suivant la nature comme guide, Pelouse se tient également au courant des progrès d'autres artistes travaillant en plein air tout en développant son propre style et sa palette sombre. Il fait ses débuts au Salon de 1865 avec Environs de Precy - Oise, souvenir d'automne. Ses deux participations suivantes au salon (1868 et 1869) sont des œuvres inspirées des paysages bretons, en particulier de Pont-Aven, où il passe du temps à travailler et à recueillir des idées. En 1873, il remporte sa première médaille, un prix de deuxième classe, pour la Vallée de Cernay. En 1876, il reçoit une médaille de première classe, « récompense qui n’avait pas été attribuée à un peintre paysagiste depuis trente ans » (Montrosier, p. 102) pour Une coupe de bois à Senlisse – Seine-et-Oise et une médaille de deuxième classe à l'Exposition Universelle de 1878 où il expose plusieurs œuvres. Cette même année, il reçoit également la plus haute distinction française lorsqu'il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.

La dernière participation de Pelouse au salon date de 1890 où il expose Les Bords de Seine ; l'île de Tribouillard et La Seine à Poses ; vue du barrage. L'année précédente, il avait exposé à l'Exposition Universelle de 1889 où il avait remporté une médaille d'or.

MonumentPelouse

À la fin de sa carrière, son style de peinture paysagiste est suffisamment accepté par le jury du Salon, et outre ses récompenses, il devient lui-même membre du jury à sept reprises. Alors qu'au cours de la dernière partie de sa carrière les impressionnistes commencent à expérimenter leur propre style de peinture paysagiste, Pelouse ne suit pas ce mouvement mais conserve plutôt la tradition de l'ancienne école de Barbizon.
Il décède à cinquante-trois ans le 31 juillet 1891 à Paris. Il ne fait guère de doute que son travail a contribué à maintenir l’importance de la tradition paysagiste.

Il compte de nombreux amis parmi ses pairs qui le rejoignent à Cernay-la-Ville tels que Henri Harpignies, Louis Français, Jules et Emile Breton, Ceramano, Winslow Homer, Theodore Robinson, Peder Severin Kroyer et bien d’autres.
De nombreux musées en France et à l’international conservent ses œuvres (Musée d'Orsay à Paris, Metropolitan Museum of Art à New York, Musée des beaux-arts de Bordeaux, Musée d'art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand, Musée d'art moderne André-Malraux au Havre, Musée des beaux-arts de Nantes, …).

Quelques-uns de ses élèves :
Ernest Baillet, Léon Joubert, Flavien Peslin, Emile Le Marié des Landelles, Louis Telingue, Nicolas Dracopolis, Charles Emile Dameron, Kitty L Kielland, Harriet Backer, Annaly, Albert Rigolot, Edouard Gendrot, …

En 1897 ses amis et élèves feront élever un monument à sa mémoire dans les Vaux de Cernay. Le buste de Pelouse sera réalisé par Alexandre Falguière. L’inauguration du monument eut lieu en mai 1897 en présence de nombreuses personnalités.

Sources et autres liens :