Pour les 100 ans du 11 novembre 1918
Traduction d’une lettre à la paroisse catholique d’Odenthal/Burcheid/Altenberg
écrite par Christa Michalski-Tang, Présidente du Comité pour le Jumelage d’Odenthal

Bienheureux soient ceux qui donnent la Paix
C’était pour les morts un honneur
Pour les vivants, un avertissement

L’amitié franco-allemande

Les ennemis héréditaires deviennent de bons amis.

Depuis Louis XIV les guerres franco-allemandes ainsi que la 1ère et la 2ème guerre mondiale n’ont fait qu’aggraver la relation entre l’Allemagne et la France. A cette situation, ni la fin de la guerre en 1945 ni le Traité de l’Elysée signé par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle le 22 janvier 1963 n’ont pu changer grand-chose rapidement. Les blessures du côté français étaient profondes et la guérison aurait évidemment besoin de temps. Celle-ci progressait pourtant en partie grâce aux nombreux jumelages qui furent initiés au cours des années suivantes. On apprenait à mieux se connaître ; une grande partie de préjugés et d’idées fausses diminuèrent peu à peu.

En 1996 les Maires Johannes Troche et Michel Trempu signaient le document officiel du jumelage entre Odenthal et Cernay-la-Ville. Ce jumelage s’est transformé en une amitié mutuelle et profonde illustrée par les deux personnages suivants : l’un Français de Cernay-la-Ville est né en 1929, l’autre Allemand d’Odenthal est un enfant d’après-guerre. Les deux sont des combattants infatigables pour l’amitié franco-allemande. Il s’agit de Philippe Rocher et de Johannes Maubach.

Philippe ROCHER : sa génération avait beaucoup souffert sous l’occupation allemande et n’estimait pas ce rapprochement possible. Malheureusement, il est décédé en décembre 2017. Il nous manque beaucoup. C’était un homme charmant et joyeux ; joyeux aussi dans sa forte foi catholique qui a dû certainement jouer en faveur de la réconciliation entre Français et Allemands si importante pour lui. « Wir sind Brüder » (nous sommes des frères) disait-il toujours en allemand. Au moment des retrouvailles du jumelage, c’était une grande joie pour lui de pouvoir faire une lecture en français lors de la Grand-Messe du dimanche en la cathédrale d’Altenberg. Cela représentait pour lui un symbole important car, en tant que jeune homme qui après la fin de la 2ème guerre mondiale a effectué son service militaire dans les chasseurs alpins, il était inimaginable dans ses rêves les plus fous, de se trouver un jour sur une chaire allemande.

Johannes MAUBACH : ancien Maire d’Odenthal. A l’époque où il était encore Directeur de la commune, il s’est engagé dès le début pour le Jumelage franco-allemand. C’est aujourd’hui encore important pour lui de réserver le week-end de l’Ascension pour les rencontres traditionnelles du jumelage. Par des mots et par des gestes, il a toujours su faire comprendre aux amis français à quel point il est attaché à notre manifestation.

Au début de l’année 2013, Monsieur le Maire René Mémain faisait savoir qu’il avait l’intention de décorer Johannes Maubach de la médaille d’honneur de Cernay-la-Ville le jour du 8 mai, justement à cette date symbolique qui est en France une fête importante. René Mémain avait intentionnellement choisi ce jour emblématique pour mettre en évidence une preuve d’amitié en honorant un Allemand le jour anniversaire de la capitulation allemande et de la fin de la guerre, en le décorant de la médaille de sa commune. Ensemble, les deux maires Maubach et Mémain, comme le veut la coutume en France le 8 mai, ont déposé une gerbe au monument aux morts des deux guerres mondiales au cimetière de Cernay-la-Ville, ce qui fut un geste fort. Cela nous fait penser à la célèbre photo de réconciliation entre Helmut Kohl et François Mitterand devant les tombes de Verdun.

De nos jours, l’amitié franco-allemande est plus importante que jamais. A une époque où l’on peut craindre que l’Union Européenne n’éclate, les deux nations sont le moteur de cette consolidation. Seulement ensemble, l’Allemagne et la France peuvent arrêter l’érosion de l’Europe.

Elles en ont les moyens, car dans la vie politique et sociale, elles sont étroitement liées. Elles sont un exemple important qui montre comment deux peuples ennemis pendant des siècles, deviennent de bons amis grâce à la réconciliation et à la confiance mutuelle qui s’est installée.
Vive l’amitié franco-allemande.